Le 90e anniversaire de l'armistice du 11 novembre 1918 fera date au Tréport. Il a été marqué par l'inauguration de nouvelles voies en hommage à deux Résistants et à un élu et par l'inauguration du nouveau monument du souvenir de la ville symbolisée par une colombe de la Paix.
Souvenir, émotion, espoirs de Paix, tous ces sentiments ont présidé à la cérémonie organisée au Tréport à l'occasion du 90e anniversaire de l'Armistice, cérémonie à laquelle assistait M. Olivier de Mazières, sous-préfet de Dieppe. Deux temps forts dans cette cérémonie, le dévoilement des plaques de rues qui permettent d'honorer la mémoire de deux anciens résistants et d'un ancien adjoint au maire et l'inauguration du nouveau monument du Souvenir érigé en mémoire de tous les Tréportais qui ont donné leur vie pour la liberté et pour la paix. Avant d'inviter Mme Beuvain à dévoiler la plaque portant le nom de son mari, Alain Longuent rappelait que William Beuvain avait fait partie de l'équipe municipale à partir de 1983 et qu'il fut notamment adjoint à la culture. 'A ce titre, il avait ardemment réclamé cette salle culturelle à laquelle nous avons donné le nom de Serge Reggiani mais malheureusement il est disparu trop tôt, avant même que la première pierre ne soit déposée. Donner à cette voix d'accès le nom de William Beuvain est donc tout un symbole d'autant qu'il avait vu le jour dans ce quartier. Une autre allée menant à cette salle portera le nom de Lucien Lavacry. Il avait 15 ans lorsque débuta la deuxième guerre mondiale et c'est en travaillant chez un marchand de fruits et légumes qu'il écoute Radio Londres. Il suit les conseils et dans le garage réquisitionné par l'occupant, il verse allègrement sucre et sable dans les réservoirs des véhicules ennemis. Lors d'un déplacement professionnel à Rouen, il tombe sous un mitraillage et son patron est tué. Il décide à ce moment de signer un engagement pour les FTP. Il est arrêté le 18 avril 1944 et le 18 juin de cette même année il est déporté à Dachau. Mis en quarantaine au commando d'Allach il sera libéré le 30 avril 1945 et n'aura de cesse ensuite de perpétuer le souvenir de ceux qui ont perdu la vie dans ces camps de la mort : 'Cet univers de numéros anonymes que nous étions devenus mais aussi des frères, des frères de misère. Autre Tréportais résistant dont la place située près de la salle Reggiani portera désormais le nom, Marcel Daragon. Il s'était engagé dans la Résistance le 1er février 1941 dans le réseau Sosie dirigé par le colonel Ponchardier. Dans ce réseau figuraient également Edouard Rivière qui deviendra vice-amiral, Maria et René Chapelle, Julien Eldert, Klébert et Emile Lesage ou le Mersois Maurice Holleville. Arrêté le jour de Pâques 1944, Marcel Daragon est déporté lui aussi à Dachau et il décédera dans les mines de sel de Flossenburg le 14 janvier 1945. Au coeur de ce nouveau quartier en pleine évolution se dresse désormais un monument moderne réalisé par Alfredo Guerrero Robles, un designer d'origine mexicaine. Ce monument, largement inspiré de la colombe de Picasso. Un lieu unique d'hommage En présence d'une nombreuse assistance, Alain Longuent expliquait la génèse de cette création : 'Depuis des décennies, chaque cérémonie patriotique donnait lieu à un cérémonial qui s'apparentait au parcours du combattant. La commune comptait en effet plusieurs monuments difficiles d'accès parce que situés dans le haut de la ville et pour les anciens combattants, il devenait de plus en plus difficile de pouvoir participer aux cérémonies. En accord avec ces derniers, il a donc été décidé d'édifier un monument dédié à la paix qui constituerait un lieu unique d'hommage aux victimes de toutes les guerres. Alain Longuent évoquait également la création d'un comité de devoir de mémoire, présidé par Jean-Jacques Louvel et composé d'enfants et de petits-enfants de déportés, d'anciens combattants, de passionnés d'histoire. 'Ce comité ne vise pas à entretenir un mythe gratuit, il consiste à marquer notre attachement à notre histoire commune, parfois tragique, parfois grandiose. Marcel Daragon fils, président de la FNDIRP remerciait la municipalité du Tréport de son initiative et excusait M. Georges Morel, dernier rescapé des camps de la mort avant d'ajouter : 'Nos vieux adversaires, l'oubli, le mensonge, la falsification sont toujours là. Nous les militants serons toujours là et bien là, pour agir pour cet avenir que nous souhaitons aider à construire pour nos descendant. Auparavant, M. Foire, président des Anciens Combattants, avait rappelé par le chiffre l'horreur de cette première guerre mondiale : 13 millions de morts dont 1,4 million Français, 740 000 invalides. '90 ans après, les cicatrices de ce conflit sont toujours là et nous devons nous souvenir pour que les combattants de la grande guerre ne meurent pas une seconde fois. Olivier De Mazières avait lu le message du secrétariat aux Anciens Combattants au pied du nouveau monument. Il avait également, en compagnie d'Alain Longuent allumé pour la première fois la flamme du souvenir qui brûle dans une vasque placée sous le monument. Plus tard, il a tenu à féliciter la commune du Tréport pour cette manifestation remarquable et à remercier la nombreuse population présente. 'J'ai tenu à être au Tréport car on est ici dans une terre qui est un haut lieu de Résistance. C'était important que le représentant de l'Etat ne soit pas cantonné à Dieppe pour ce type de cérémonie et qu'il se déplace ici parce qu'il s'y est passé des choses importantes et que la population a souffert dans sa chair et qu'elle s'est mobilisée et qu'elle a montré l'exemple à bien des aspects. Le souvenir des sacrifiés du premier conflit mondial, de ce pays qui a été saigné à blanc doit nous rappeler qu'il s'agissait du premier conflit de masse mais aussi le premier conflit où on ne mourrait pas seulement au front. Aujourd'hui, il ne faut pas croire que l'on se contente de se rappeler le souvenir de ces victimes, on doit se prémunir pour éviter que cela ne se reproduise. Les facteurs de guerre sont toujours là, ils sont consubstantiels à l'humanité : l'envie, le nationalisme, le fanatisme : qui aurait pu penser que huit décennies après la première guerre mondiale, un conflit ferait 200 000 morts à deux heures d'avion de Paris. La guerre peut revenir et le seul moyen de s'en prémunir est de se souvenir ce que la guerre a coûté en terme de vies humaines. Au cours de cette cérémonie, les enfants du conseil municipal jeunes ont lu le poème de Paul Eluard, Liberté :
Sur mes cahiers d'écoliers
Sur mon pupitre et les arbres
Sur le sable, sur la neige
J'écris ton nom Liberté
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